Par Clémence Cassé
Alors que les tensions entre la Russie et l’Ukraine semblent à leur paroxysme après leur cristallisation au niveau du détroit de Kertch entre la mer d’Azov et la mer Noire, il convient de faire un point sur l’engagement américain dans cette région.
Une partie du 278e Cavalry Regiment de la National Guard du Tennessee aide l’Ukraine à gérer le Yavoriv Combat Training Center. Ce centre permet de préparer les soldats au déploiement opérationnel. L’US Army a également toujours une brigade blindée déployée en Europe de l’Est. Cette brigade est relevée chaque année et participe à des exercices avec des pays allant de la Roumanie à la Lettonie. En ce moment, la 1st Brigade Combat Team de la 1st Cavalry Division s’apprête à céder sa place à la 1st Armored Brigade Combat Team de la 1st Infantry Division.
Les Marines qui opèrent dans la région sont tirés de la Black Sea Rotational Force, une force composée de quelques centaines de Marines et marins qui participent à des exercices dans la région (la dernière rotation qui a pris fin en septembre avait eu lieu en Roumanie). Le Marine Corps a une présence relativement faible dans la région de la mer Noire mais sa présence reste dissuasive. Le Marine Corps se déploie dans toute la région pour former et conseiller les forces des pays partenaires afin d’améliorer la sécurité collective. En juillet dernier, l’exercice Sea Breeze en Ukraine a vu environ 50 Marines évoluer aux côtés des marines américaines et ukrainiennes ; cet exercice avait été attentivement suivi par la Russie, notamment par la présence d’un patrouilleur russe en marge de l’exercice.
L’US Air Force a également participé à des exercices en Ukraine cette année. La National Guard de Californie est liée à l’Ukraine par un programme depuis 1993 qui vise à la formation des forces ukrainiennes. Ce partenariat s’est renforcé ces derniers temps. L’US Air Force a participé à l’exercice multinational Clear Sky 2018 qui se tenait le mois dernier en Ukraine: « le plus grand de son genre qui ait jamais existé en Europe de l’Est » d’après le Lieutenant-Colonel Robert Swertfager, directeur du programme cité plus haut. Cet exercice a comporté des missions d’appui aérien rapproché, des opérations de cyber défense et de défense de souveraineté aérienne. De plus, de nombreux moyens aériens de l’US Air Force effectuent des vols de reconnaissance et des missions de souveraineté aérienne au-dessus des territoires alliés en Europe de l’Est depuis des bases américaines dans la région.
La sixième flotte américaine, basée à Naples, n’assure pas une présence permanente dans la mer Noire mais maintient, en roulement, un certain nombre de vaisseaux de guerre et de soutien qui se déploient régulièrement en mer Noire. Les responsables de cette flotte ont refusé de préciser si des navires avaient été déployés en mer Noire suite aux événements du détroit de Kertch, cependant, le commandement de la flotte publie toujours les noms des bâtiments entrant et sortant de la mer Noire, notamment à l’occasion d’exercices.
Au cours de l’année 2018, un certain nombre de navires et d’aéronefs de l’US Navy ont évolué en mer Noire dans le cadre de divers exercices bilatéraux ou Otan. Ainsi, les destroyers USS James E. Williams, USS Carney, USS Ross et USS Porter y avaient manœuvré au titre de l’opération Atlantic Resolve (opération Otan dédiée à la défense de la mer Noire). En mai, un détachement d’avions de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine P-8/A Poseidon y avait participé à l’exercice Sea Shield conduit par le Groupe maritime de l’Otan. Dernier déploiement significatif en date, celui en juillet du navire amphibie USS Mount Whitney, navire-amiral de la 6ème flotte, qui participait à l’exercice bilatéral Sea Breeze avec l’Ukraine.
Enfin, il convient de noter que les dernières tensions dans la région entre forces américaines et russes ont plutôt eu lieu dans l’espace aérien, comme nous vous en avons fait part il y a quelques semaines (incident du 5 novembre en particulier, impliquant l’interception au-dessus de la mer Noire d’un avion de surveillance et de reconnaissance EP-3 Aries II par un chasseur russe SU-27 Flanker).