Par Camille de la Rochère
D’après les services de presse du Vatican, une nouvelle flambée de violence interreligieuse a éclaté jeudi en République centrafricaine. Plus de 40 personnes ont été massacrées le 15 novembre lors d’une attaque visant la cathédrale d’Alindao, village situé à environ 300 kilomètres à l’est de la capitale Bangui, ainsi que dans un complexe voisin où près de 20 000 personnes qui avaient déjà dû quitter leurs terres à cause de violences passées, s’étaient réfugiées. « Nous avons compté 42 corps jusqu’à présent, mais nous en recherchons d’autres. Le camp a été totalement incendié et les habitants se sont enfuis dans la brousse et dans d’autres camps [de personnes déplacées] de la ville », a déclaré à Reuters Etienne Godenaha, législateur d’Alindao, le 17 novembre. Parmi les morts se trouvaient Mgr Blaise Mada, vicaire général du diocèse d’Alindao, et le père Célestin Ngoumbango, curé de la paroisse du village de Mingala.
Des témoins ont déclaré à Vatican News que de nombreuses personnes déplacées avaient été brûlées vives dans leurs tentes lors de l’attaque. Ce climat de violence s’est progressivement instauré suite au renversement de l’ancien président François Bozizé en 2013 par une force rebelle essentiellement musulmane connue sous le nom de Séléka. En réponse, les chrétiens, qui représentent environ 80% de la population, ont mis sur pied des unités d’autodéfense surnommées « anti-balaka ».
Alindao est un bastion de la milice musulmane de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) qui a ses racines dans la coalition Séléka. Il a été l’un des théâtres privilégiés des affrontements chroniques des derniers mois, au cours desquels deux membres des Nations Unies et un travailleur humanitaire avaient trouvé la mort. Un peu plus tôt, Vladimir Monteiro, porte-parole de la mission de maintien de la paix des Nations Unies (MINUSCA), avait déclaré que les chrétiens anti-balaka avaient tué des musulmans. Une heure plus tard : « l’UPC a réagi en attaquant un camp de personnes déplacées à Alindao. Des centaines de personnes déplacées ont trouvé refuge devant le poste militaire avancé de la MINUSCA » dans la région, a ajouté M. Monteiro.
Alindao se trouve en plein milieu d’une route majeure traversant le sud et l’est du pays et se situe au cœur d’une région où de nombreuses mines d’or et de diamants contribuent à alimenter le conflit. Depuis la chute du gouvernement central, les milices chrétiennes et musulmanes se livrent une guérilla sans merci et les affrontements sont loin de faiblir. La violence se manifeste à des degrés d’intensité variables, malgré la présence d’une force de maintien de la paix américaine sur le territoire dans le cadre de la MINUSCA. A cet égard, un témoin a rapporté que des Casques bleus américains se seraient repliés dès le début de l’assaut sur la cathédrale et le camp de réfugiés. « D’après ce que m’ont appris mes contacts, les Casques bleus de la MINUSCA n’ont pas défendu la population contre les rebelles qui ont commis l’assaut à Alindao. À l’arrivée des guérilleros, ils sont immédiatement rentrés à leur base » a déclaré à l’agence Fides Amos Boubas, prêtre centrafricain étudiant à Rome.