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La Nouvelle-Calédonie dit « non » à l’autodétermination
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Par Margaux Martin-Péridier

Les résultats définitifs ne sortiront qu’à 7h30 en heure locale – 21h30 heure française – mais la Nouvelle-Calédonie connaît déjà l’issue de ce référendum. Les électeurs ont répondu « non » à 56,9% à l’auto-détermination de l’île. Le « non » vainqueur était largement attendu mais les sondages prévoyaient pourtant un refus de l’auto-détermination plus prononcé (60/70%). Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est déjà prononcé quant aux résultats en ponctuant son discours par de nombreux remerciements à l’égard de la population calédonienne pour leur choix de rester français.

 

Un taux participation historique

 

Les Calédoniens se sont massivement mobilisés ce dimanche. Le taux de participation s’élève à 80,63%, taux exceptionnel. Les représentants politiques le faisaient remarquer à l’annonce des résultats : la victoire est avant tout celle de la mobilisation. Les indépendantistes avaient pourtant émis l’idée de boycotter le référendum il y a quelques semaines. Les représentants indépendantistes et loyalistes ont donc réussi leur pari : faire entendre pour la première fois la voix de tous les Calédoniens sur l’avenir de leur territoire.

 

Une journée de consultation qui se déroule dans le calme

 

Malgré la crainte de la part des instances politiques de potentiels débordements, les Calédoniens se sont rendus aux urnes dans le calme. La France avait envoyé en renfort 350 gendarmes sur l’île pour assurer la sécurité notamment de la capitale le soir des résultats, craignant des représailles des indépendantistes en cas de « non ».

Des observateurs de l’ONU avaient aussi été envoyés dans les bureaux de vote pour assurer le bon déroulement du référendum. La situation sécuritaire reste tout de même la priorité des instances gouvernementales de Nouvelle-Calédonie, notamment avec la venue, lundi 5 novembre, du chef du gouvernement. L’arrivée des représentants de l’Etat français pour superviser les discussions pourrait en effet attiser les tensions entre indépendantistes et anti-indépendantistes et dégrader la situation sécuritaire.

 

Quel avenir pour la Nouvelle-Calédonie ?

 

Le référendum du 4 novembre n’était que le premier. En effet, les accords de Nouméa de 1998 avaient prévu trois référendums entre 2018 et 2022. Les textes prévoient donc une nouvelle mobilisation des Calédoniens en 2020, puis en 2022. Ce déroulement des consultations est pourtant critiqué au seins des partis politique calédoniens. De manière générale, les indépendantistes considèrent ces prochaines consultations comme essentielles dans leur combat pour l’accession, à terme, à l’indépendance. De l’autre côté, certains loyalistes comme Sonia Backes, présidente du groupe Les républicains calédoniens, juge les deux prochains référendums inutiles, considérant que la population calédonienne ne changera pas d’avis dans les quatre prochaines années.

 

Les discussions commencent dès demain sur l’avenir du “Caillou”

 

Alors que les responsables politiques en Nouvelle-Calédonie réagissaient en direct au fur-et-à-mesure de l’arrivée des résultats, le mot d’ordre concernant l’avenir de l’île restait « discussion ». Si les partis politiques ne s’entendent guère sur de nombreux points concernant le système calédonien dans tous les domaines, une volonté est commune à tous les représentants politiques : discuter ensemble des futures instances politiques. La venue d’Edouard Philippe et d’Annick Girardin au lendemain du référendum est significative. Comme ils l’avaient fait en 1988 à l’occasion des accords de Matignon , les différents représentants des partis calédoniens comptent entamer dès demain des discussions avec l’Etat français sur l’avenir du territoire, notamment à propos du degré d’autonomie qui lui sera cédé. Même si la volonté principale des Calédoniens est d’en finir avec ce statut transitoire vieux de trente ans et de construire un territoire d’avenir, la situation politique ne pourra pas être définitivement stable sans les résultats des deux prochaines consultations prévues. C’est seulement en 2022 – sauf si le « oui » à l’indépendance l’emporte entre temps – que des structures politiques durables pourront être établies. Si les calédoniens changeaient d’avis et faisaient le choix de l’indépendance, alors d’autres négociations s’ouvriraient pour établir une transition entre territoire d’outre-mer français et nation indépendante. Dans un tel cadre, la France n’aurait qu’un simple statut de partenaire privilégié.

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