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Turquie : Focus sur le sommet quadripartite d’Istanbul
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Par Wandrille Maurice

 

Un sommet quadripartite s’est tenu ce samedi 27 octobre à Istanbul. La Turquie de Recep Tayyip Erdoğan reçoit ainsi la Russie de Vladimir Poutine, l’Allemagne d’Angela Merkel et la France d’Emmanuel Macron. L’objet de cette rencontre inédite pour les parties présentes est de s’accorder sur une solution politique au règlement du conflit syrien. Afin d’évaluer les enjeux de cette rencontre, il est nécessaire de revenir sur deux points. D’une part, sur la façon dont ce sommet se différencie des pourparlers précédents sur la Syrie. D’autre part, sur les raisons ayant poussé la Turquie, la Russie, l’Allemagne et la France à se rencontrer. Staffan de Mistura, l’envoyé spécial démissionnaire des Nations Unies en Syrie, était également présent.

 

Depuis les accords de Genève en 2012, qui avaient rassemblé les membres du Conseil de Sécurité, ainsi que la Turquie, le Koweït, et le Qatar, des acteurs aux intérêts aussi divergents n’avaient pas été rassemblés. Les accords suivants avaient été marqués par l’absence d’une concertation proprement multilatérale. À cet égard, les accords d’Astana de mai 2017 ou de Sotchi en septembre 2018 avaient respectivement concerné la Turquie, la Russie, et l’Iran, et seulement la Turquie et la Russie pour l’accord de Sotchi. Ce dernier avait constitué un succès diplomatique, dans la mesure où la Russie et la Turquie se sont entendues sur une zone de désescalade dans la région d’Idlib. Toutefois, la violence perdure dans cette zone.

 

Le sommet d’Istanbul est donc original dans la mesure où il réunit non seulement la Turquie et la Russie, mais aussi des représentants de l’Europe, dans les personnes d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel. La réunion de ces quatre partis est d’ailleurs inédite dans l’histoire du conflit syrien. L’objectif de ce sommet pour la Russie et la Turquie est, d’une part, de chercher l’approbation du couple européen sur leur projet de désescalade autour d’Idlib, et d’autre part, établir des accords de principes sur la reconstruction politique en Syrie.

 

De ce point de vue, le sommet est une réussite. Selon le communiqué final auquel il a donné lieu, les quatre Etats se sont entendus pour former d’ici la fin de l’année un comité pour une réforme constitutionnelle. Ce point a été porté lors du communiqué final par le président Macron. Ce comité serait conditionné à la participation de toutes les parties présentes en Syrie, sous la supervision de l’ONU. Angela Merkel a tenu à faire savoir, dans la conférence suivant la rencontre quadripartite, que les réfugiés devraient être impliqués dans ce processus de reconstruction politique. Concernant le chapitre des réfugiés, le communiqué final du sommet soutient l’idée de faciliter le retour volontaire des réfugiés en Syrie, avec le support des Nations Unies. Ce souhait a été présenté par le président Turc. Un point important, qui marque une victoire du côté du régime syrien soutenu par la Russie, est le rejet des « agendas séparatistes », et donc le maintien coûte que coûte de l’intégrité du territoire syrien. Enfin, les quatre partis ont condamné de concert le terrorisme dans la région, et réaffirmé la nécessité de le combattre.

 

Cependant, des dissensions persistent entre les Etats présents. Le président Poutine a minoré le rôle et la nécessité d’une intervention de l’ONU dans le conflit, tout en affichant son soutien au président Assad, seul représentant légitime selon lui. Le président Russe a par ailleurs souligné que la consultation d’un grand absent du sommet, l’Iran, était nécessaire à l’établissement de tout processus de paix en Syrie.

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