Le président Trump a déclaré samedi 21 octobre que les Etats-Unis se retiraient du traité sur les Forces Nucléaires Intermédiaires (INF). Ce traité signé en 1987 entre Washington et Moscou visait à introduire une forme de stabilité stratégique en travaillant à éliminer les missiles balistiques sol-sol et missiles de croisière d’une portée allant de 500 à 5500 km. Donald Trump justifie sa décision de retrait du traité en arguant de sa violation préalable par la Russie. De fait, depuis 2014, l’administration américaine a régulièrement dénoncé les violations supposées du traité par Moscou suite aux tests de nouveaux missiles de croisière. Ce mois-ci, pour la première fois, Jens Stoltenberg, Secrétaire Général de l’Otan, s’est officiellement inquiété du « manque de respect de la Russie pour ses engagements internationaux, incluant le traité INF ». Ce regain d’inquiétude fait suite à la reconnaissance par Moscou de l’existence d’un nouveau type de missile de croisière, dit 9M729, qui est fortement suspecté de violer les restrictions imposées par le traité.
Une autre raison invoquée par le président Trump, plus inédite, est le fait que la Chine n’était pas partie au traité, ce qui la soustrayait de fait aux limitations en matière de développement de missiles balistiques et de croisière de portée intermédiaire tandis que les Etats-Unis se trouvaient liées par leurs obligations. De fait, en 2017, l’amiral Harris, commandant le « Pacific Command » estimait que 95% des missiles détenus par Pékin l’aurait été en violation du traité si la Chine y était partie.
Que ce soit vis-à-vis de Moscou ou de Pékin, l’administration américaine s’inquiétait de cette asymétrie grandissante et estimait nécessaire que Washington se dote de capacités équivalentes, ce qui s’inscrit dans la logique de rivalité entre grandes puissances dont la Nouvelle Stratégie de Défense (NDS) fait la priorité première. Cette décision risque de relancer, ou plutôt d’accentuer une dynamique de course aux armements, proche de celle observable durant la Guerre Froide. Il conviendra donc d’observer les développements de l’industrie de défense américaine en matière de missiles de croisière et de missiles balistiques courte et moyenne portée.