Par Suzanne Kaltenbach
Vladimir Poutine a participé cette semaine à la quinzième session du club de discussion “Valdaï”. A la question de savoir si la Russie était prête à utiliser les armes dont elles disposent, y compris celles de destruction massive le président russe a répondu sans équivoque “La notion de frappe préventive est absente de notre doctrine nucléaire”.
Disposant, après la chute de l’URSS, de forces conventionnelles peu crédibles et de faibles moyens pour les développer , la Fédération de Russie avait accordé une place centrale à l’emploi de son arsenal nucléaire dans sa doctrine de défense. Pour contrecarrer cette asymétrie conventionnelle croissante face à l’Ouest, la Russie défendait en effet un seuil d’emploi très bas.
La réponse de Vladimir Poutine semble confirmer les nouvelles orientations prises ces dernières années par la défense russe, s’appuyant notamment sur un développement de forces conventionnelles professionnelles et mobiles, à même de contrer deux des principales menaces évoquées avec constance par les doctrines militaires russe : les tentatives de subversion ou de déploiement de forces à l’intérieur de la Russie et à sa périphérie.
Pour rendre crédible la doctrine de non emploi en premier, le président a fait allusion aux avancées technologiques russes en matière de détection, évoquant notamment le système d’alerte avancée russe : “Je ne vais vous dévoiler aucun mystère : nous avons créé un système, et nous le perfectionnons sans cesse (…)”. Il ne s’agit donc pas de conclure à un déclin de l’importance de l’arme nucléaire dans le système de défense russe.
Vladimir Poutine a en effet insisté sur l’éventualité d’une destruction de l’adversaire en cas d’attaque sur la Russie : “Certes, dans cette situation, nous sommes en quelque sorte en train d’attendre que quelqu’un emploie l’arme nucléaire contre nous, nous-mêmes ne faisons rien…Mais alors, l’agresseur doit tout de même savoir que la revanche est inévitable, qu’il sera annihilé”.
Si la modernisation des forces conventionnelles est l’un des aspects les plus médiatisés des réformes militaires russes du fait des interventions remarquées dans des conflits régionaux, Il faut donc s’attendre également à voir la Russie investir dans sa capacité de frappe en second.