Par Paul Marion
Après plusieurs jours de flottement, le gouvernement socialiste espagnol a décidé d’honorer un contrat d’une valeur de 9,2 millions d’euros signé avec l’Arabie Saoudite en 2015, sous l’ancien gouvernement conservateur. La livraison de 400 missiles à guidage laser à l’armée saoudienne est donc maintenue, en dépit des soupçons de “crimes de guerre” perpétrés au Yémen par les Saoudiens à la tête de la coalition pro-gouvernement. Dénoncées dans un rapport onusien à la fin de l’été et relayées par plusieurs ONG comme Oxfam ou Amnesty, les violences commises par la coalition saoudienne auraient touché des civils et des enfants. En réaction, le ministère de la défense a évoqué une mise en suspens du contrat dans un communiqué diffusé durant la première semaine de septembre, comme nous l’évoquions dans notre newsletter du 10 septembre.
Pour autant, le ministre des affaires étrangères Josep Borrell a annoncé le jeudi 13 septembre que l’Espagne comptait assumer ses engagements commerciaux vis-à-vis de la monarchie saoudienne. Sur la radio Onda Cero, il a motivé ce retournement en expliquant que le contrat ne présentait “aucune irrégularité justifiant de ne pas l’honorer”, tout en mentionnant “l’extraordinaire précision” des bombes qui ne produisent “pas de dommages collatéraux”.
La décision du gouvernement espagnol intervient après plusieurs jours de débats quant aux conséquences d’une annulation, en particulier le risque de représailles commerciales concernant un autre contrat d’un montant de 1,8 milliard d’euros pour 5 navires de guerre “corvette” pour la marine saoudienne. Ce contrat représente 5 900 emplois dans la région de Cadix d’ici 2022 pour l’entreprise publique Navantia. Ses salariés ont exprimé leur inquiétude pendant la semaine face aux retombées sociales de l’annulation de “la plus grosse commande de ces vingt dernières années” selon les mots de Margarita Robles, ministre de la défense.