Le discours d’ouverture de la conférence des Ambassadeurs et des Ambassadrices, le 27 août 2018, fut l’occasion pour le Président de la République d’évoquer la nécessité de renouveler les approches géographiques ou stratégiques, qui devront à présent être « déclinées avec précision », supposant notamment des objectifs « clairs et donc limités ».
Rappelant un des objectifs majeurs de la diplomatie française, à savoir d’assurer la sécurité de ses ressortissants à l’étranger dans un contexte particulier de lutte contre le terrorisme islamiste radical, Emmanuel Macron a tout particulièrement salué l’engagement des soldats déployés dans le cadre de l’opération Barkhane, depuis 2013. L’action des forces françaises aux côtés de la MINUSMA dans la Bande sahélo-saharienne a permis « d’éviter le pire », ainsi que de permettre la tenue d’élections présidentielles au Mali au cours de l’été, ces dernières s’étant soldées par l’élection, caractérisée par un fort taux d’abstention et contestée par l’opposition, du président sortant Ibrahim Boubacar Keïta avec 67,2% des voix.
Si cette action militaire devra se poursuivre avec la « même intensité », le chef de l’Etat a précisé qu’elle serait « plus efficace encore si elle s’articule mieux avec l’implication des cinq pays du Sahel concernés » (le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad). La coopération avec d’autres pays exposés à une menace terroriste, comme l’Algérie, le Nigéria et le Cameroun, s’avère de surcroît indispensable. Toutefois, « la question du Sahel ne se réglera pas véritablement » tant que la stabilité de la Libye, pays par lequel transitent notamment de nombreuses armes et munitions, ne sera pas assurée.
Au Levant, la situation alarmante dans la région d’Idleb (Syrie) implique de « renforcer la pression sur le régime et ses alliés », notamment la Russie et la Turquie, « compte tenu de leur rôle et des engagements pris ».
Le Président de la République a rappelé les nombreuses initiatives européennes concrètes initiées depuis le début de son mandat en matière de défense : renforcement de la politique commune, création d’un fonds de défense, conclusion de deux accords stratégiques pour les chars et les avions de combat entre l’Allemagne et la France, initiative européenne d’intervention et promulgation d’une loi de programmation militaire de renouveau, accentuant notamment les efforts accordés à la condition des personnels et au renouvellement du matériel.
Finalement, ce discours fut l’occasion d’annoncer le lancement, dans les prochains mois, d’un « projet de renforcement de la solidarité européenne en matière de sécurité », afin de donner « plus de substance à l’article 42-7 du Traité sur l’Union Européenne ». Invoqué pour la première fois par la France suite aux attentats de 2015 et dans un esprit similaire à celui de la clause d’assistance otanienne, il impose aux Etats membres de l’Union européenne aide et assistance « par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations Unies » à tout autre Etat faisant l’objet d’une agression armée sur son territoire.
Ainsi, selon le Président de la République, « l’Europe ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls Etats-Unis » et doit tirer « toute les conséquences de la guerre froide » : un dialogue « rénové », sur des thèmes multiples tels que « la cybersécurité, les armes chimiques, les armements classiques, les conflits territoriaux, la sécurité spatiale ou la protection des zones polaires » devra conduire à l’émergence d’une « réflexion exhaustive sur ces sujets avec l’ensemble de nos partenaires européens au sens large, et donc avec la Russie ».