Après les élections du 12 mai en Irak se dégage une victoire de l’alliance autour de Moqtada al-Sadr, le clerc chiite chef dans les années 2000 d’une rébellion armée contre l’occupation américaine, et Hadi al-Ameri, qui a bâti une coalition de milices chiites réputées proches de l’Iran. « L’Alliance de la Victoire », soutenue par les occidentaux et emmenée par le chef de gouvernement sortant Haidar al-Abadi arrive en troisième position.
Malgré ces victoires incontestées, le système politique irakien reste éclaté. Seule une coalition peut gouverner le pays – les trois premières listes ont obtenu respectivement 54, 45 et 39 sièges sur les 329 que compte le Parlement, donc bien loin de la majorité absolue. Les négociations pour former une coalition gouvernementale avaient déjà débuté dès la fin du vote il y a une semaine. Moqtada al-Sadr, bien que chiite, conteste l’influence de l’Iran sur la communauté chiite d’Irak, il a ainsi rencontré en 2017 le prince héritier Mohammed ben Salmane d’Arabie Saoudite. La rencontre samedi entre Moqtada al-Sadr et le Premier ministre Abadi pourrait laisser présager que ce dernier reste à son poste au sein d’une coalition. Cette option est renforcée par le soutien américain qui voit en Haidar al-Abadi un partenaire fiable dans la lutte contre Daech. Dans un contexte de tensions régionales croissantes, la réaction iranienne est attendue avec l’arrivée à Bagdad du général Qasem Soleimani, chargé des interventions extérieures des gardiens de la révolution, et l’un des protagonistes de la lutte contre Daech en Irak et en Syrie.