Par Suzanne Kaltenbach
Nous vous proposons une synthèse et une traduction des interventions des principaux responsables de la défense russe à la septième conférence de Moscou sur la sécurité internationale ainsi que de son traitement par Krasnaya Zvezda, le journal de l’armée russe.
Samedi 14 avril, les réactions russes aux frappes en Syrie ne se sont pas faites attendre. Vladimir Poutine annonce que les Etats-Unis “donnent de fait libre cours aux terroristes”. Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères, soutient quant à lui que les attaches chimiques à Douma n’ont été qu’une mise en scène, orchestrée avec l’aide des services secrets d’un pays qui “brûle d’être dans les premiers rangs d’une campagne russophobe”. Maria Zakharova, porte-parole du ministère des affaires étrangères russe ou encore Sergueï Choïgou, ministre de la défense, abondent dans leur sens.
La conférence de Moscou sur la sécurité internationale
Remontons quelques jours en arrière, les 4 et 5 avril 2018 : nous sommes en Russie, à la septième édition de la conférence de Moscou sur la sécurité internationale. Parmi les intervenants, on comptait, en plus des habituels voisins de la Russie, les ministres de la défense du Venezuela, du Brésil, de la Mongolie, du Laos, du Pakistan et de l’Inde. Devant des Etats amis ou alliés potentiels et toutes sortes d’experts prêts à venir entendre le discours officiel de Moscou, tous les hommes clés de la défense et de la sécurité russe interviennent : trois Sergueï des plus importants sont présents – Sergueï Choïgou, ministre de la défense, Sergueï Narychkine, l’homme à la tête des services de renseignement extérieur russes, Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères et précédant leurs interventions, Vladimir Poutine lui-même via une adresse aux invités de la conférence lue par Nikolaï Patrouchev, directeur du FSB (service de sécurité nationale).
Savent-ils déjà ce qui va arriver en Syrie ? Quelques thèmes récurrents apparaissent en tous cas dans les discours des intervenants russes : les États-Unis et l’Europe sont accusés de relancer la Guerre Froide ; la multiplication de foyers de terrorisme appellerait une action concertée où la Russie jouerait un rôle clé du fait de son rôle en Syrie ; les Etats-Unis et “une partie de l’Europe” ne poursuivraient que leurs intérêts immédiats au mépris de la stabilité régionale et de la démocratie, et surtout, l’émergence de nouveaux pôles de puissance rendrait obsolète la prétention de l’Occident à régir l’ordre du monde.
Ce qui nous interpelle dans ces discours, ce n’est pas tant leur divergence avec les principes que la Russie semble effectivement appliquer dans sa politique de défense que la distance qui les sépare des arguments avancés sur la scène intérieure russe.
A travers ces interventions, ce n’est pas tellement la doctrine militaire russe qui se dessine qu’une vision de la sécurité destinée aux Etats que le pays veut séduire ou impressionner.
La mission de la Russie dans la croisade contre le terrorisme
Nombreux sont les intervenants russes qui ont insisté sur la menace croissante représentée par le terrorisme. L’expérience russe en Syrie a été largement mise en avant. Cela permet sans doute d’effacer le souvenir de la catastrophe tchétchène, où la toute nouvelle armée russe s’était illustrée par son incompétence notable en matière de guerre asymétrique, notamment en milieu urbain. Les efforts de modernisation de l’armée russe notamment en termes de mobilité, de capacité de déploiement à l’extérieur et de combat contre des forces non étatiques avaient déjà donné des résultats remarqués en Ukraine, mais le cas Syrien est évidemment plus séduisant à mettre en avant.
Il s’agit d’autre part de promouvoir une expertise russe en matière de lutte antiterroriste ; l’intervention de Moscou ou son assistance aux pays touchés par ce phénomène seraient par là justifiées, et en deviendraient presque nécessaires. Ainsi, si les mentions des victoires russes en Syrie ont été fréquentes lors de la conférence, elles ont souvent été suivies du rappel de l’expansion du terrorisme au-delà des frontières syriennes. Le général Alexandre Bortnikov, directeur du FSB (le principal service de sécurité intérieure russe) a ainsi lors de sa conférence peint un tableau effrayant : “Les combattants se dispersent dans leurs pays d’origine, suivis de leurs femmes et d’enfants qui ont déjà tenus des armes dans leurs mains, et aussi des veuves des bandits exterminés – potentielles terroristes suicidaires.“
Soulignant lui aussi à de nombreuses reprises l’expansion de groupes terroristes, Sergueï Shoigou a pour sa part soutenu qu’elle résultait d’un effort conscient des Etats-Unis et de leurs alliés : “Il est difficile de croire qu’une coalition des plus puissantes n’a pas pu avoir raison des terroristes. Apparemment, le but était autre – ébranler l’état de fait dans la région, y consolider une présence économique et militaire“. L’argument est ainsi présenté qu’il apparaît que les Etats-Unis ont le choix entre s’avouer incompétents ou cyniques.
La course aux armements et la menace occidentale
Les tensions croissantes avec les Etats-Unis ou de manière plus générale avec l’”Occident” – ennemi par excellence dont la mention revient de plus en plus souvent dans la rhétorique russe – n’ont bien sûr jamais été attribuées à la Russie.
Pour répondre aux inquiétudes que leur politique suscite dans de nombreux pays, les intervenants semblent avoir réactivé la mentalité obsidionale qui a bien souvent caractérisé les dirigeants russes, transformant l’appréhension des pays frontaliers de la Russie en inquiétude d’une Russie encerclée par des pays hostiles.
Le journal du ministère de la défense Krasnaia Zvezda résume ainsi la position exprimée par Sergei Choïgou : “Selon ses mots, l’accroissement continu du regroupement de troupes américaines en Europe de l’Est est également une source d’inquiétude. Une situation paradoxale émerge. L’OTAN cherche à accroître et à moderniser son infrastructure militaire près des frontières russes. Cela étant, le mythe d’un danger croissant pesant sur l’Europe se forme dans l’opinion publique”.
La Russie assure donc ne pas constituer une menace pour l’Europe ; elle présente du reste les activités de l’OTAN et la présence de troupes en Europe Centrale et Orientale (on pense par exemple à l’annonce récente par la Pologne de la création d’une nouvelle division à l’Est du pays parallèlement à sa réaffirmation de l’importance de sa relation avec l’OTAN) comme le seul fait des Etats-Unis. On remarquera qu’elle tente de ménager l’Europe dans une certaine mesure : l'”Occident” que l’on accuse inclut chez bien des intervenants les Etats-Unis et “certains pays Européens“.
Sergueï Choïgou est également revenu durant la conférence sur la très médiatisée adresse au parlement de Vladimir Poutine de Mars 2018, et sur l’insistance, dans le discours du président, sur les causes de “l’état déplorable de la sécurité européenne” (Krasnaia Zvezda) : l’augmentation des effectifs de l’OTAN près des frontières russes, la modification de la doctrine d’emploi de l’arme nucléaire par les Etats-Unis, la sortie de ces derniers du traité ABM, le développement par les Etats-Unis de systèmes de défense antimissile dans le monde. Là encore, les Etats-Unis sont les principaux incriminés. “Aujourd’hui, il ne fait aucun doute pour personne que la défense antimissile américaine est un facteur de déstabilisation sérieux, une incitation à la course aux armements, une violation brutale des engagements internationaux, y compris de l’accord de liquidation des fusées de petite et moyenne portée” a ainsi souligné Sergueï Choïgou.
“Ingérence” occidentale contre “intervention” russe
Dans la lignée des critiques de l’omniprésence américaine, un autre retournement rhétorique intéressant à suivre dans le discours russe porte sur l’ingérence des puissances dans les affaires intérieures d’autres Etats. Sergueï Choïgou a ainsi fait la déclaration suivante : “Une autre condition importante pour la stabilité est la non-ingérence dans les affaires intérieure des Etats, l’opposition à la politique des “révolutions de couleurs”, des “guerres hybrides” et de la soi-disant force douce. La déstabilisation du climat politique intérieur sous couvert de démocratisation mène non pas à la prospérité des peuples mais à la création de nouvelles zones de conflit, de réserves naturelles pour les terroristes de toutes sortes“.
Que nous disent les intervenants examinés jusqu’ici ? Que la Russie est la seule à avoir l’expertise et la volonté nécessaires pour stabiliser les régions touchées par le terrorisme, qu’elle intervient pour assurer l’autonomie des Etats et que les Etats-Unis, au contraire, se dissimulent sous la vertu idéologique que l’on prête un peu trop facilement à la démocratie pour dicter leur loi. Il est assez frappant de remarquer que ces arguments sont l’image inversée de ceux avancés par les Américains dans les années 1950 pour critiquer l’expansion de l’influence soviétique. Ainsi, peut-on déceler dans les interventions russes des échos – involontaires sans doute – au célèbre discours de Truman de 1947. Le président américain déclarait en effet : “Le Gouvernement grec a aussi demandé l’aide d’administrateurs, d’économistes et de techniciens américains expérimentés, afin que l’aide financière ou autre que nous donnerons à la Grèce soit utilisée efficacement (…) L’existence même de l’État grec est à présent menacée par l’activité terroriste de plusieurs milliers d’hommes armés, menés par les communistes (…) Il faut que la Grèce reçoive de l’aide si elle doit devenir une démocratie qui se respecte et qui suffise à ses propres besoins. (…) Il n’existe pas d’autre pays à qui une Grèce démocratique puisse s’adresser. Aucune autre nation ne peut et n’est capable de fournir l’aide nécessaire au Gouvernement démocratique de la Grèce.”
Une différence demeure pourtant : faute de moyens financiers importants, la Russie table sur l’aide dans la lutte contre le terrorisme pour rendre son intervention indispensable. Or, les sollicitations de cette “expertise” sont probablement moins universellement partagées que la demande pour d’aides financières pour lutter contre le terrorisme.
La déclaration de Sergueï Choïgou n’en demeure pas moins paradoxale, et ce à bien des égards. On ne peut évidemment oublier l’ingérence russe aussi bien en Ukraine, que lors des attaques informatiques, menées en 2007 contre l’Estonie, ou encore les soupçons pesant sur la Russie lors de la cyberattaque NotPetya en juin 2017. Toute aussi étonnante est la position de Sergueï Choïgou sur les guerres hybrides et l’emploi du soft power, étant données les formes d’intervention russes en Ukraine. Encore une fois, il s’agit de dire que la Russie est forcée de s’adapter à l’évolution des conflits. Pourtant, l’attaque sur l’Estonie était la première attaque informatique massive d’un Etat par un autre. Pour ce qui est du soft power, rappelons qu’en mars 2018, l’intervention de Vitaliy Tretiakov, doyen de la haute école de télévision de l’université d’état de Moscou devant des étudiants en journalisme de Novossibirsk a fait parler d’elle dans les médias d’opposition, entre autres à cause de l’appel à reconnaître l’existence d’une “guerre d’information” où le journaliste se devait d’assumer son rôle de combattant : “Tout journaliste est un propagandiste, il n’y a pas de journaliste qui ne fasse pas de propagande (…) Et beaucoup ont honte quand ils sont accusés d’en être. Vous ne devez pas perdre vos moyens. Vous devez défendre votre pays, votre corporation, ne pas vous laisser mener par ces procédés bon marché“[1]
Les ennemis de l’intérieur
D’ailleurs, accuser des associations hostiles au régime d’être des “agents étrangers” quand elles reçoivent des financements non russes ou réduire les commentaires critiques à de la “provocation” venue de l’extérieur est devenu une pratique fréquente. Ainsi le doyen Vitalyi Tretiakov a-t’il soutenu que la spécificité des guerres d’information résidait en ce qu’elles ne permettaient pas d’exclure du pays les “sujets hostiles”, selon lui beaucoup plus nombreux en Russie qu’à l’Ouest. Les organisations étrangères se sont vues accusées de receler des espions ; “Pratiquement tous font du renseignement politique”. Parallèlement à cela, Tretiakov a lui-même défendu que pour la “réalisation de sa mission professionnelle“, le journaliste pouvait voler de l’information comme le feraient des services de renseignement.
Comment comprendre enfin la défense simultanée de la non-ingérence dans la vie des Etats et de la nécessité de s’opposer aux révolutions ? On retrouve ici l’idée – récurrente dans les discours d’officiels russes – selon laquelle l’opposition aux agents étrangers, aux “provocateurs”, aux ennemis cachés manipulant les populations pour défendre des intérêts obscurs, est nécessaire dans un monde instable où les pays sont sous influence. Au lieu de vouloir faire la promotion d’un modèle idéologique, la Russie prétend donc assez paradoxalement intervenir pour aider les pays à retrouver leur autonomie et leur stabilité, les aidant à se défaire des influences extérieures dont ils seraient victimes. On peut y voir un lointain écho aux arguments jadis avancés par l’URSS pour conserver une influence sur les pays non alignés.
Hostilité et ambitions américaines
Evidemment, le thème de la non-ingérence est une critique directe adressée aux Etats-Unis, dans la lignée de la critique soviétique de l’impérialisme américain : quand les Etats-Unis interviennent dans un pays, il s’agit d’ingérence ; lorsque la Russie intervient à son tour, il s’agit d’aider les pays à protéger leur souveraineté ou de stabiliser la région.
Le discours idéologique russe actuel, centré sur les “valeurs traditionnelles”, l’orthodoxie et le retour à la stabilité n’est pas un produit d’exportation mais un instrument de politique intérieure. La Russie ne dit plus qu’elle veut conquérir le monde ou du moins, diffuser un modèle idéologique. Cela rend d’autant plus populaire l’idée selon laquelle les Etats-Unis sont les seuls aujourd’hui à prétendre à une suprématie mondiale, en déstabilisant sur leur passage les pays et les régions.
Ainsi, alors que la prétention des Etats-Unis à une forme d’exclusivité sur la scène internationale est sans cesse critiquée, la Russie répond en annonçant vouloir aider les pays qui en auront besoin. Derrière ce discours paradoxal mêlant, à la promotion de la non-ingérence, la présentation de la Russie comme promotrice de la paix mondiale et soutien indéfectible aux pays menacés par des puissances destructrices, on décèle pourtant des échos aux thèmes anciens du messianisme russe, qui ressurgissent régulièrement et sous différentes formes dans l’histoire du pays.
Alors même que les médias russes font fréquemment la promotion de la technologie militaire nationale, que les associations militaristes pour les jeunes prennent un nouvel essor, que le ministère de la défense promeut un retour à la littérature “militaro-patriotique”[2], les discours russes de la conférence de Moscou s’attachent à défendre que la seule intention d’une Russie pacifique est de faire comprendre aux puissances hostiles que l’on est capable de se défendre. Krasnaia Zvezda, résume ainsi les propos de Sergueï Lavrov : “Moscou, contrairement à Washington, n’est intéressée ni par la confrontation, ni par la promotion d’une course aux armements“.
Sergueï Choïgou décrit en des termes similaires le climat actuel :”Aujourd’hui, le monde passe par une étape critique. Les relations entre États changent, on fait de plus en plus souvent le pari de résoudre les contradictions par la force. La prétention de certains pays à l’exclusivité pousse vers une nouvelle course aux armements. Dans ce contexte, la rhétorique antirusse se renforce, une activité militaire hostile s’active près de nos frontières“.
Un monde multipolaire…
Après avoir plusieurs fois critiqué la prétention des Etats-Unis à agir seuls (tout en évoquant les nombreux pays européens qui seraient sous leur influence), Sergueï Choïgou a donc insisté sur le nombre croissant de pays coopérant avec la Russie, en Amérique Latine (Argentine) mais surtout en Asie. Le ministre russe de la défense a ainsi énuméré les relations stratégiques de la Russie avec la Chine, l’Inde, le Vietnam, le Laos et le Myanmar et le développement récent des relations avec Brunei, le Cambodge, la Malaisie, l’Indonésie et les Philippines “aussi bien sur des bases bilatérales que dans les formats multilatéraux prévus par l’ASEAN“.
A cette énumération de pays, s’ajoute l’invocation fréquente de l’ONU et d’autres organisations internationales non exclusivement “occidentales”. Encore une fois, l’argument est étonnant : il s’agit de défendre l’existence d’un monde multipolaire en marge des organisations occidentales – typiquement, de l’OTAN – tout en montrant que la Russie est la puissance qui reconnaît les aspirations de ces “pôles” et donc potentiellement l’arbitre des relations entre ces pays et leur interlocuteur privilégié. En même temps Nikolaï Patrouchev, secrétaire du conseil de sécurité russe, a dénoncé les Etats agissant hors du cadre de l’ONU “Est manifeste la prétention d’un ensemble d’États à jouer rôle de procureurs et de juges d’envergure mondiale, réunis en une seule personne, qui admettent que l’on consolide la paix par la force, si c’est ce qu’exigent leurs étroits intérêts égoïstes“.
Ce n’est, dans ces discours, pas une simple opposition entre fort et faibles qui se joue mais plutôt entre passé et futur : un peu à la façon dont l’URSS a pu voir son influence s’éroder sans l’avoir anticipé, les Etats-Unis et d’autres puissances anciennes feraient preuve de myopie dans l’examen de leur puissance. La presse russe s’attache d’ailleurs souvent à analyser un déclin militaire et technologique des puissances militaires occidentales et à décrire des responsables du Pentagone saisis d’effroi devant des avancées russes qu’ils n’avaient pas vu venir, dans des articles aux titres aussi éloquents que “Dans le ciel de Syrie, le voile est levé sur le mythe de la prééminence militaro-technologique de l’Occident ” (Krasnaia Zvezda) ou « les fusées russes qui effraient particulièrement l’OTAN” (Svobodnaia pressa).
Sergueï Narychkine, directeur des services de renseignement extérieurs, a ainsi expliqué l’état actuel des relations internationales par l’incapacité des Etats-Unis et de certains pays européens à accepter une inévitable perte d’influence.
“Des nouveaux centres de force influents tels que l’Inde, le Brésil, L’Afrique du Sud et bien sur, la Chine et la Russie émergent et se renforcent dans l’arène internationale. Toutefois, de tels changements n’arrangent pas les puissances occidentales. En fait, les États-Unis et une partie de l’Europe se sont révélés n’être pas prêts pour ces transformations. (…) ils ne peuvent ni ne veulent voir la vérité en face, se résigner à l’affaiblissement inévitable de leur propre influence, jadis non partagée, tentent encore de construire leurs relations avec les autres Etats en s’appuyant sur de vieux principes dont les racines plongent dans le système colonial, tels que la coercition et le diktat. […] Au lieu de diriger son regard vers le futur, l’Occident s’accroche au passé et essaye de s’appuyer sur des instruments obsolètes de l’époque de la Guerre Froide. Il s’agit principalement du système de blocs, d’institutions comme l’OTAN, l’Union Européenne”.
Finalement, sans prétendre rejouer l’histoire du XXème siècle ni annoncer la diffusion d’un modèle idéologique, la Russie présentait devant ses invités son retour sur la scène internationale comme un élément d’un bouleversement plus profond, que les autres puissances traditionnelles n’auraient pas anticipé.
…ou la reconstruction d’un Pôle russe ?
Difficile à croire pourtant que la Russie renonce à rejouer une opposition entre puissances qui lui permette de redevenir un géant des relations internationales. Alors, la Russie prêche-t-elle l’avènement d’une nouvelle ère ou bien le retour triomphal de son statut ancien ?
La décision prise en 2013 de reformer la division de Taman, l’une des plus décorées et connues d’URSS, dissoute lors des réformes de l’armée de 2008-2009, fait partie des nombreux indices qui portent à croire que la Russie privilégie cette dernière alternative. Ce discours sur l’ordre nouveau et multipolaire de la sécurité mondiale n’est pas non plus celui que l’on rencontre dans les communications destinées à la population russe. Le nom du journal officiel de la défense russe (Krasnaya Zvezda – “l’étoile rouge”), et le premier article qui apparaissent sur son site internet parlent pour eux-mêmes : “j’instruis mes pilotes avec les préceptes de mon père”.
La plupart des citations que vous avez pu rencontrer dans cet article sont précisément celles utilisées par le Journal Krasnaya Zvezda , qui conclut son compte-rendu de la conférence en ces termes : “les actions des Etats-Unis vis-à-vis de la Russie, évaluées par Sergueï Narychkine, permettent de parler de retour aux temps de la Guerre Froide”.
Sources :
[1] 23 Mars 2018 – https://batenka.ru/protection/tretyakov/
[2] https://function.mil.ru/news_page/country/more.htm?id=12171958@egNews