Now Reading:
Le sacrifice de nos commandos
Full Article 3 minutes read

Par Edouard Josse (rédigé le 13 mai 2019)

 

Les opérations spéciales sont par définition complexes et périlleuses, en particulier les opérations impliquant des otages, lesquelles exigent une parfaite maîtrise du feu. Dans un assaut classique, il y a combinaison du feu et du mouvement. Or, pour préserver la vie des otages, nos commandos sont montés à l’assaut sans appliquer de feux sur les objectifs. Cette nuit-là, le terrain est très défavorable : il faut s’infiltrer sur un découvert de plus deux cents mètres sans être décelé par l’ennemi. Les conditions de visibilité réduite de cette nuit très noire facilitent leur progression discrète. Il faut se figurer une vingtaine de commandos en train de ramper sur un terrain dépourvu d’obstacles où se poster. C’est leur discrétion acoustique et visuelle absolue qui leur permet d’arriver jusqu’à la base d’assaut, à une dizaine de mètres des quatre abris où se sont répartis les djihadistes. Une sentinelle est abattue, le combat s’engage.

Les groupes CTLO (contre-terrorisme et libération d’otages) au sein des unités de forces spéciales s’entraînent au quotidien pour conduire un tel assaut. Les hommes du Commando Hubert y étaient parfaitement préparés. Ils avaient drillé ce type d’opérations des milliers de fois, réglant le moindre détail au millimètre et à la seconde près. Sauf que le risque zéro n’existe pas. Il y aura toujours des « cas non conformes ». Chaque opération implique une prise de risque, assumée, partagée par tous, qui fait partie du combat commando et du combat tout court. Les marins, soldats et aviateurs des forces spéciales en ont parfaitement conscience et sont fiers de leur engagement.

 

Quatre groupes de commandos pénètrent simultanément dans les abris sans savoir ce qu’ils y trouveront. Il y a contact, ouverture du feu à très courte distance, une forme de corps-à-corps. Les maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello sont mortellement touchés durant l’assaut.

 

Ils étaient tous deux de l’étoffe dont sont faits les héros. Commandos marine, nageurs de combat, ils appartenaient au Commando Hubert, l’unité la plus prestigieuse des forces spéciales françaises. Ils étaient déployés au Sahel au sein de la Task Force Sabre, en appui de la force Barkhane, prêts à intervenir à tout moment, comme cette nuit-là, dans des opérations de très haute technicité. Deux officiers mariniers qui avaient déjà connu l’épreuve du feu, en opération extérieure, notamment au Levant et au Sahel.

 

Aucune place ne peut être laissée à la polémique. Remettre en cause le bien-fondé de la mission n’est certainement pas un réflexe de militaire. Si l’opération a été ordonnée, c’est qu’elle a été jugée réalisable. Quant à la légitimité d’aller libérer des ressortissants français, quelques aient pu être leur imprudence, la question ne se pose même pas.

La France peut s’estimer heureuse de compter dans ses rangs des hommes de cette trempe, des combattants exceptionnels à l’esprit guerrier inébranlable. Ce sont des opérateurs parmi les plus aguerris au monde, capables de faire preuve d’une parfaite gestion du feu, d’une très grande intelligence de situation et surtout de beaucoup d’humilité. Ils ont donné leur vie pour sauver des otages, des civils. Leur sacrifice nous oblige. Il nous commande de ne jamais baisser la garde face aux ennemis de la France. Que leur courage immense nous inspire toujours.

Input your search keywords and press Enter.