Le 28 janvier, l’administration américaine a dévoilé ce que le président Donald Trump nomme le deal du siècle, projet proposant une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien. Ce document esquisse les potentielles frontières dévolues aux deux futures entités. La vallée du Jourdain passerait dans son intégralité sous souveraineté israélienne ainsi que quinze colonies actuelles. L’Etat palestinien consisterait en plusieurs zones enclavées dans le territoire israélien, la bande de Gaza se verrait adjoindre deux excroissances le long de la frontière égyptienne, et des axes de communication relieraient les différentes parties de ce territoire.
Se pose dès lors la question de la souveraineté accordée aux deux Etats. Leurs capitales sont évoquées: Jérusalem, avec la Vieille Ville, est reconnue comme capitale d’Israël, la capitale palestinienne se retrouverait dès lors située de l’autre côté de la barrière de sécurité séparant la ville sainte de la Cisjordanie.
Il apparaît également qu’Israël disposerait d’une souveraineté plus étendue que l’Etat palestinien. Cela s’exprimerait par le contrôle israélien des eaux territoriales, y compris celles de la bande de Gaza, un droit de regard sur le domaine sécuritaire palestinien et un contrôle plus étendu sur les zones frontalières communes. Au plan stratégique, la Palestine devra demeurer un Etat démilitarisé, la sécurité des frontières devant être assurée par les forces de l’ordre réduites. Celles-ci seront aussi en charge du maintien de l’ordre et du contre-terrorisme en coopération avec les pays voisins (Israël, Jordanie, Egypte). Le projet d’accord contient une clause garantissant un point d’observation tenu par les forces de sécurité israélienne au sein du territoire palestinien. En complément, les moyens de surveillance alloués à Israël en Palestine iront de la présence de drones à celle de forces au sol si nécessaire. La création des forces de sécurité palestinienne sera en outre supervisée par un comité composé des Etats-Unis, d’Israël et de l’Etat palestinien. En cas d’échec de ce dernier à remplir les critères de sécurité définis dans le document, l’Etat d’Israël pourra intervenir de la façon qu’il jugera adéquate pour garantir la sécurité des deux pays.
Le document aborde également le développement économique de la Palestine, notamment la création d’une zone industrielle, d’un secteur touristique et d’une ouverture maritime dont la souveraineté resterait toute relative. Celle-ci se ferait via la construction d’un port sur une île artificielle au large de Gaza, avec pour condition préalable le respect de l’accord pendant cinq ans.
Cette proposition semble plutôt acter la transformation d’un état de facto – la Cisjordanie étant déjà administrée à 60% par Israël – en état de jure, renforçant le partenariat israélo-américain. D’autre part, depuis que l’administration Trump a annoncé son projet, ce dernier a été utilisé par Israël pour renforcer sa présence en Cisjordanie. Tsahal a ainsi commande l’envoi de troupes supplémentaires provenant des unités de commandos d’élite Maglan et Egoz, sans préciser l’effectif de ces renforts.
Quant à la Ligue Arabe et aux Palestiniens, ceux-ci rejettent en bloc cette proposition, la jugeant déshonorante et la comparant à un marchandage au profit des Israéliens. Rappelons enfin que la réalisation de l’un des prérequis a l aide au développement pour la Palestine de 50 milliards de dollars – le désarmement total du Hamas et du djihad islamique – demeure hautement improbable.