Le 7 février dernier, lors de son point presse hebdomadaire, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé la stratégie de la Norvège en Arctique, qu’elle accuse de « chercher à accentuer les tensions et accroître le risque de confrontation militaire ». En effet, selon le Barents Observer, la Russie voit d’un mauvais œil la décision annoncée par le ministère de la Défense norvégien d’accueillir depuis début 2019 dans le port de Grøtsund, près de la ville de Tromsø, dans le nord du pays, des sous-marins nucléaires américains et britanniques pour approvisionnement et relève des équipages. Alors que la présence sous-marine de la flotte du Nord russe est particulièrement forte en mer de Barents et au large du cap Nord, Maria Zakharova a souligné que cette participation active de la Norvège aux plans d’action de l’Otan dans la région ne resterait pas sans réponse. Cette escalade verbale prend place alors que les relations entre les pays nordiques et leur voisin russe connaissent un regain de tension, notamment en Arctique : parmi de nombreux exemples, les différents brouillages GPS le long de la frontière norvégo-russe, le vol de 15h de deux bombardiers stratégiques Tu-160 les 26 et 27 janvier derniers au-dessus de l’océan Arctique ou encore la décision de mettre en place des patrouilles régulières d’avions d’interception russes MiG-31BM au-dessus du pôle Nord, attestent de cette militarisation croissante de la région.
Les pays nordiques dénoncent également, de leur côté, cette présence agressive. L’agence suédoise de recherche pour la Défense (FOI) a ainsi rendu public le 4 février un rapport que lui avait demandé le ministère de la défense suédois sur les exercices militaires russes de 2009 à 2017. Les conclusions de celui-ci, particulièrement relayées dans la presse, soulignent notamment que ces exercices permettent à la Russie de se préparer à initier et conduire un affrontement de grande échelle dans les prochaines années contre une puissance militaire de haut rang comme la Chine ou l’Otan.