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République centrafricaine : la paix est-elle possible ?
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Par Camille de la Rochère

 

 

Cette semaine s’est ouvert à Khartoum un nouveau round de négociations destinées à rétablir la paix en République centrafricaine sous l’égide de l’Union africaine (UA). Les discussions réunissent le gouvernement centrafricain et les 14 groupes armés qui contrôlent collectivement la grande majorité du pays. Ce samedi, les discussions à huis-clos devaient notamment porter sur les procès qui ont lieu à La Haye en ce moment même et où comparaissaient d’anciens membres du gouvernement tels que Patrice-Édouard Ngaïssona, ancien ministre des Sports sous la présidence de François Bozizé, accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

 

Ces nouvelles discussions représentent une nouvelle opportunité pour la RCA d’emprunter le chemin, qui sera long et semer d’embûches, vers la paix. Les risques d’enlisement des pourparlers sont néanmoins non-négligeables ; les enjeux sécuritaires très élevés, des millions de civils guettés par la menace de débordements encore plus importants. Ainsi, jeudi, d’après la Minusca, trois personnes seraient tombées sous le feu d’un groupe anti-balaka tandis que 13 autres ont été victimes d’une attaque de certains éléments du groupe Unité pour la paix en Centrafrique – faction née d’une scission intervenue au sein de la Seleka en 2017 – à Ippy, dans le centre du pays. Mais l’échec total semble évitable à condition que les parties s’arment de patience et de bonne volonté, et fassent la démonstration d’une volonté de ne pas reproduire les erreurs du passé.

 

Les Centrafricains ont en effet de bonnes raisons d’être sceptiques quant au processus de paix. La RCA est passée de conflit en conflit depuis son indépendance en 1960 et d’innombrables accords de paix n’ont jamais vu le jour. Lorsque les négociations – et cela fut très rarement le cas – portaient leur fruit, les solutions envisagées étaient le plus souvent stériles, tant elles ignoraient les problèmes socio-économiques gangrénant le pays, le phénomène de marginalisation politique et la faiblesse du gouvernement en place. Dans le passé, ces écueils n’ont été amplifiés que par la trop grande attention portée à la démobilisation des groupes armés au détriment de l’inclusion de dirigeants influents dans les processus décisionnels nationaux.

 

Le pays en a payé le prix cher. Depuis la dernière guerre civile en 2013-2014, plus de 80% des terres de la République centrafricaine sont contrôlées par une myriade de groupes armés qui semblent sans limite dans l’expression de leur férocité. Ce paroxysme de violence est notamment responsable du déplacement d’un quart de la population du pays – le nombre le plus élevé depuis le pic de la guerre civile. L’ONU estime que 2,9 millions des 4,6 millions de citoyens du pays ont besoin de l’aide humanitaire.

 

Fin 2017, l’Union africaine avait initié le processus de paix, connu sous le nom d’Initiative africaine, afin de négocier un accord entre les groupes armés et le gouvernement au pouvoir.

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